Sunday, 29 January 2012

Mother Marie-Philomena of the Divine Providence, O.SS.R. Superior of the Monastery of Bruges (1811-1878)

Mère Marie-Philomène de la Divine Providence
Supérieure du Monastère de Bruges
décédée le 13 décembre 1878i.
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CHAPITRE I

son enfance. – son entrée au monastère.


Cette bien-aimée Mère, qui fut une vraie providence pour la communauté de Bruges, naquit à Ath le 29 juin 1811, et reçut au saint baptème les noms de Rosalie-Dieudonnée-Benoîte-Joseph. Elle était la seconde enfant de M. Joseph-Ignace de Savoie et de Mme Rosalie-Joseph Nève, son épouse.

Le ciel avait été prodigue de ses dons pour cette aimable enfant, qui, parfaitement douée du côté de la nature, devint bientôt l'objet de toutes les prédilections de ses chers parents : ils ne négligèrent rien pour développer par une éduction soignée les germes précieux qu'elle apporta en naissant.

Elle avait à peine neuf ans quand elle perdit son père, et de grands revers de fortune suivirent cette perte prématurée. Rosette (on l'appelait ainsi familièrement) comprenait déjà les malheurs de sa famille; mais sa grande âme et son coeur généreux n'étaient sensibles qu'à la douleur de sa mère chérie, qu'elle s'efforça de consoler, de soutenir et de soulager par son amour et sa tendresse; aussi ce ne fut pas sans une vive peine qu'elle se sépara d'elle pour aller à Lille achever son éducation. Dans la pension où on la plaça, elle cultiva tous les talents qui doivent orner une jeune personne. Elle devint parfaite musicienne. Ce talent lui fut toujours cher, parce qu'elle pouvait l'employer à la gloire de Dieu en chantant ses louanges, et en touchant l'orgue pour l'accompagnement de l'office divin.

Son heureux caractère et ses belles qualités la firent bientôt rechercher par de nombreux partis. Rosette, qui ne connaissait pas encore les vues de Dieu sur elle, se décida à accepter la main d'un jeune homme pieux et bon comme elle. Ce mariage était vivement désiré par les deux familles; cependant un secret pressentiment disait à la jeune fille qu'il ne s'accomplirait jamais. De fait, au moment où l'on allait fixer le jour des noces, son fiancé fut attaqué d'une fièvre violente qui l'emporta en peu de jours. Cette mort inopinée, en lui causant une vive douleur, la détacha du monde; et de nouveaux revers ayant atteint sa famille, elle voulut, pour soulager sa mère, utiliser ses talents. Mme la Comtesse de Malet l'accueillit avec joie pour surveiller l'éducation de sa fille unique. "Venez chez moi, lui écrivait-elle, vous serez pour moi une soeur et une amie, et plutôt la mère de ma fille que sa gouvernante." Rosette eut bientôt gagné le coeur et la confiance de la vertueuse dame, qui l'aimait tendrement. Elle jouissait près d'elle de tous les agréments qui eussent pu l'attacher à une vie douce et tranquille; mais Dieu lui fit bientôt sentir qu'il la voulait toute à Lui. Elle eut alors un de ces songes dont Dieu se sert quelquefois pour manifester aux âmes ses desseins. Sainte Philomène se montrant à elle, l'appela à ses côtés, et il lui sembla qu'elle jouissait là des joies du ciel. Depuis ce jour, le monde ne lui inspira plus que du dégoût, et elle aspira de toute son âme au bonheur de la vie religieuse.

De grandes difficultés s'opposèrent à son pieux dessein. La tendresse de sa mère, qui comptait sur elle pour consoler et soutenir sa vieillesse; l'attachement de sa famille; l'affection de la pieuse comtesse, à qui elle devait de la reconnaissance; enfin, sa santé, qui était fort délicate : tout cela lui livra bien des combats; mais la grâce la rendit victorieuse.

Notre saint Institut allait s'implanter en Belgique : elle y fut admise une des premières; mais, pour se conformer au désir exprimé par la Rde Mère Marie-Alphonse, elle retarda son entrée de quelques mois, afin de perfectionner son talent d'organiste. Elle fit de bon coeur ce sacrifice pour le bien de la communauté, et enfin, le 18 décembre 1841, elle entra au monastère provisoirement établi rue des Puits-aux-Oies.

L'hiver était rigoureux et au froid venait encore se joindre tout ce que la pauvreté peut amener de privations et de souffrances dans un commencement de fondation. Rien n'ébranla ce grand courage; elle venait pour se donner à un Epoux crucifié; et elle brûlait du désir de marcher sur ses traces en partageant ses douleurs. Les supérieures virent bientôt quel trésor la bonne Providence leur envoyait, et elle se hâtèrent de demander les dispenses nécessaires pour qu'elle fût associée aux premières postulantes et pût recevoir avec elles le saint habit. Le 25 février 1842, elle prit, avec le voile, le nom de Soeur Marie-Philomène de la Divine Providence. Elle passa l'année de son noviciat avec une ferveur exemplaire, et s'appliqua à pratiquer les Saintes Règles avec une parfaite exactitude. Aussi le jour où elle pourrait prononcer ses voeux etait-il vivement désiré.

Le 23 mars 1843, les sept premières novices devaient offrir leur sacrifice dans toute la joie de leur âme; mais un événement bien douloureux vint attrister ce beau jour. La Soeur Marie-Anne-Joseph du Précieux-Sang, qui avait commencé sa retraite en pleine santé, devint si gravement malade qu'elle dut recevoir les derniers sacrements le 22 mars; elle prononça en même temps ses voeux sur son lit de mort; Notre chère Soeur Marie-Philomène donna, en cette occasion, des preuves de sa grande charité et de son dévouement, passant tout le temps de sa retraite au chevet de sa pieuse compagne, qui lui disait parfois, les yeux mouillés des larmes de la reconnaissance : "Pauvre soeur, comme vous vous dévouez pour moi ! Mais quand je serai au ciel, je vous le rendrai bien, en priant pour vous." Le 23 mars, on quitta le choeur en chantant le Te Deum qui termine la cérémonie de la profession, et les nouvelles professes vinrent entourer le lit de la mourante, qui les regarda encore comme pour leur dire un dernier adieu. L'Angelus sonna, et la malade, en disant la parole Ecce ancilla Domini, inclina doucement la tête et rendit sa belle âme à Dieu.


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CHAPITRE II

charges qu'elle exerce. – Elle est nommée supérieure.
ses vertus
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Notre chére Soeur Marie-Philomène passa encore un an au noviciat; en le terminant, elle fut nommée Maîtresse des Educandes. Elle se dévoua tout entière pour les jeunes âmes que le Ciel lui confiait, et malgré ses nombreuses occupations, elle les formait soigneusement à la vie religieuse. Ses exemples, du reste, faisaient encore plus d'impression que ses paroles, et l'on admirait son exactitude, sa régularité, son grand courage à supporter toutes les privations imposées par la pauvreté. Le couvent provisoire n'était en effet qu'une vieille maison laissant entrer le vent et le froid par de mauvaises fenêtres : tout gelait à côté du feu, et les Soeurs n'avaient rien qui eût pu les garantir contre les intempéries des saisons. La nourriture était bien pauvre et bien peu faite pour une santé comme la sienne; heureuse de souffrir, elle encourageait ses éducandes à supporter aussi joyeusement les mêmes privations. Elle travaillait souvent bien avant dans la nuit, tantôt pour mettre ordre aux affaires de la maison et examiner les comptes de la nouvelle bâtisse, tantôt pour préparer la musique nécessaire pour le chant du saint office ou des fleurs destinées à orner le saint autel. Malgré tout cela, elle était la première au choeur le matin pour les Heures canoniales.

Le 23 juin 1845, la communauté se transporta au nouveau monastère. Soeur Marie-Philomène fut alors chargée du noviciat, qu'elle dirigea jusqu'au 11 août 1851, où elle devint Vicaire. Son zèle pour l'observance avait toujours été grand : il redoubla encore. La Supérieure ne pouvant pas, à cause de sa santé, assister aux actes communs, notre chère Mère Vicaire sembla se multiplier pour les présider tous, sans nuire à ses occupations; et quand Mgr. Malou, voyant la communauté si nombreuse, exprima le désir qu'une fondation se fît à Bruxelles, notre chère Mère, par sa rare prudence, sut soutenir et défendre les intérêts de la maison de Bruges, sans nuire cependant au premier essaim qui devait sortir de cette ruche bénie. Les voix unanimes des soeurs, aussi bien que le désir de son évêque, l'appelèrent alors à porter le fardeau de la supériorité. Il était d'autant plus lourd en ce moment que, vu les embarras financiers, la bâtisse du couvent, les difficultés d'un commencement, on n'avait jamais pu établir dans toute sa vigueur l'observance régulière. Il fallait donc une rare prudence pour détruire d'anciennes coutumes chez les âmes faibles, et pour modérer une trop grande ardeur dans quelques autres. C'est ce que fit notre bonne Mère. Elle eut bientôt gagné tous les coeurs, et la Sainte Règle étant observée avec bonheur et fidélité, on vit régner avec elle la joie, l'union fraternelle, le silence, l'amour de la mortification et de la prière.

Mère Marie-Philomène s'occupa activement à régler les affaires du monastère, paya les dettes, et en établissant partout l'ordre et l'économie, en pratiquant exactement la sainte pauvreté, elle attira sur cette chère maison les bénédictions divines, spirituelles et temporelles.

C'était au prix de prières prolongées bien avant dans la nuit et de grandes mortifications que cette bonne Mère obtenait ainsi du Ciel tout ce qui devait contribuer au bonheur de ses filles. Toujours la première à leur donner l'exemple, elle leur procurait aussi tous les secours spirituels qui pouvaient les aider à marcher sur les traces de notre bon Sauveur, et elle pouvait en réalité dire comme l'Apôtre : "Imitez-moi comme j'imite moi-même Jésus-Christ."

De nombreuses vocations lui permirent de fonder, en 1858, une maison à Velp, en Hollande. Elle y conduisit cinq soeurs choristes et deux converses; après y avoir établi la clôture, elle revint à Bruges. L'année suivante, elle conduisit en Irlande un nouvel essaim pour commencer une maison à Dublin, et ce fut encore au prix de bien des souffrances, de grandes fatigues et de nombreux sacrifices, qu'elle établit cette nouvelle fondation. De retour à Bruges, elle continua à gouverner sa communauté, la faisant toujours progresser en ferveur et en amour de la régularité, n'épargnant rien de ce qui pouvait contribuer au bien de ses filles, et donnant en tout le bon exemple.

Sa sagesse, sa prudence et sa douce fermeté lui avaient tellement gagné les coeurs qu'à chaque triennat, elle réunissait l'unanimité des suffrages, et elle se trouva ainsi obligée de rester en charge l'espace de vingt-quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort. Ce furent des années pleines de ferveur, de souffrances et de mérites pour elle, de bonheur et de prospérité pour la communauté.

Le bon Dieu avait déjà remplacé par de nouvelles vocations les soeurs qui nous avaient quittées pour fonder à Velp et à Dublin, quand il se présenta une occasion favorable pour établir une fondation à Louvain. Mgr. Dechamps, alors archevêque de Malines, qui connaissait et estimait notre chère Mère, lui accorda avec joie toutes les permissions nécessaires. Cependant cette fondation lui coûta beaucoup de fatigues, car sa santé était déjà bien altérée. Elle y conduisit dix soeurs le 25 juillet 1874. Le bon Dieu la paya de la monnaie dont il récompense ses plus chers amis : de nombreuses croix vinrent ajouter de brillantes perles à sa couronne.

La foie vive de notre chère Mère lui faisait voir la main de Dieu dirigeant tous les événements. Jamais on ne l'entendit murmurer ou se plaindre dans ce qui lui causait de la peine. "C'est le bon Dieu qui le veut ainsi, disait-elle : il faut se soumettre et le vouloir aussi." Elle eut à supporter de grandes croix; des personnes peu judicieuses firent d'elle de faux rapports qui lui valurent de grandes humiliations et de durs reproches de ses supérieurs. Elle demeura calme, persuadée que Dieu ferait voir la vérité; c'est en effet ce qui arriva, car les calomnies dont on avait voulu la noircir, ne servirent qu'à augmenter l'estime dont elle jouissait déjà auprès des autorités supérieures; et à partir de ce moment, on lui accorda une confiance illimitée, dont elle n'abusa jamais. Des personnes à qui elle avait fait du bien lui témoignèrent une profonde ingratitude; son bon coeur en souffrait beaucoup, mais sa foi vive lui fit encore découvrir en cela les desseins de Dieu. "Le Seigneur a voulu, disait-elle, épurer ce qui aurait pu être trop naturel. – Je n'aurais pas cru être ainsi payée de ce que j'ai fait pour N. et pour N. J'en souffre, mais j'en remercie Notre-Seigneur; c'est de lui que j'attends ma récompense."

Quelquefois cependant la blessure de son coeur saignait plus fort. Un jour, comme on la trouvait pensive, on l'interrogea sur sa tristesse. "Je m'examine, dit-elle, et je recherche si j'ai fait quelque chose pour mériter les reproches et les procédés de telle personne; mais je ne trouve rien. Je lui voulais tant de bien ! Ah ! Que cela me détache de tout ! Comme on est insensé quand on n'agit pas pour Dieu seul ! Si je n'avais pas fait pour lui telle ou telle chose, il ne m'en resterait rien."

Sa confiance en Dieu la soutint toujours dans les pénibles circonstances qu'elle eut à traverser. Dès son enfance, lors des malheurs de sa famille, et plus tard quand elle se vit à la tête de la communauté, où presque tout était à former, notre chère Mère mit en Dieu toute sa confiance; elle se reposa sur la Providence divine, et son espérance ne fut pas vaine. Sous sa sage conduite, la communauté devint un modèle de ferveur, et le Seigneur y répandit les plus abondantes bénédictions.

Son amour pour Dieu se montra bien par ses oeuvres; car jamais, pendant sa longue carrière religieuse, sa ferveur ne se ralentit. C'est cet amour qui lui inspirait tant d'ardeur pour l'observance des Saintes Règles et pour l'avancement des âmes que Jésus-Christ lui avait confiées. Elle trouvait ses délices auprès du saint tabernacle; mais quand son devoir l'appelait, c'était l'amour de Dieu qui lui faisait quitter Dieu pour Dieu. C'est ce même amour qui lui faisait aimer le silence, la solitude, qui la portait à se sacrifier, à se dévouer pour ses filles, à s'imposer pour elles de bien dures pénitences. Elle abrégea même ses jours en faisant en ceci de pieux excès, qu'elle tenait soigneusement cachés. L'aveu qui lui en échappa un jour, la rendit toute confuse. "Mon Dieu, dit-elle, pourquoi ai-je dit cela ? Je ne voulais pas qu'on le sût."

Notre chère Mère était un modèle de charité envers le prochain : elle ne pouvait pas supporter que l'on y manquât. "Vous me rendez triste, disait-elle, quand vous blessez la charité; et cela me fait trembler, parce qu'en affligeant le coeur de Jésus, vous éloignez de la communauté les bénédictions célestes." Sa joie, au contraire, éclatait quand elle voyait régner l'union et la charité. "Oh ! Que cela me fait du bien! disait-elle; le bon Dieu sera content de nous." Son bon coeur ne refusa jamais un service qu'elle pouvait rendre, et elle souffrait quand la chose lui était impossible. Toujours prête à consoler les soeurs, à les aider, elle les accueillait avec affabilité et les soignait dans leurs maladies. Aussi recourions-nous toutes à elles avec une confiance filiale dans nos nécessités spirituelles et corporelles, et toujours nous trouvions en elle ce que nous avions cherché. On la vit se dépouiller, à l'insu de tout le monde, pour soulager une âme tentée, d'un vêtement chaud et léger qu'on avait jugé lui être nécessaire.

Elle aimait tant le Saint Office, elle le récitait et le chantait avec tant d'ardeur et de joie qu'elle en inspirait aux Soeurs; et elle ne pouvait souffrir qu'on apportât de la négligence à ce saint exercice. "Pensez-y donc, disait-elle, nous faisons en cela ce que nous ferons toute l'éternité." On la voyait se hâter pour arriver des premières. "Je vous assure, disait-elle, que ma plus grande pénitence est de ne pouvoir me rendre au choeur, et si je deviens faible et incapable d'assister au Saint Office, il faudra que le bon Dieu m'aide pour me résigner, car je ne sais comment je ferai ce grand sacrifice."

Son amour pour la pauvreté lui faisait craindre tout ce qui aurait pu blesser cette vertu, qui doit être si chère à une fille de Saint Alphonse. Elle n'avait rien de superflu à son usage, et elle était heureuse quand le bon Dieu permettait qu'on l'oubliât : elle ne se plaignait que du trop grand soin qu'on prenait d'elle. Jamais elle ne demandait rien; cependant sa santé toujours délicate la rendait très sensible au changement des saisons et à la fatigue. Bien souvent elle quittait la table, ayant à peine touché à ce qu'on lui servait, la faiblesse de son estomac ne supportant presque aucun aliment.

En un mot, cette vraie fille de Saint Alphonse aimait tout ce que notre saint fondateur a aimé lui-même. Ses dévotions favorites étaient la dévotion envers le Très Saint Sacrement, l'Enfance et la Passion de notre bon Sauveur; ces grands mystères étaient l'objet continuel de ses méditations. Elle avait pour la Très Sainte Vierge l'amour d'un enfant pour sa mère; elle avait fait le voeu de réciter chaque jour le chapelet, et jamais elle n'omit ce pieux exercice. Elle priait beaucoup pour les pécheurs. Les âmes du purgatoire excitaient aussi sa compassion : elle leur appliquait toutes les indulgences qu'elle pouvait gagner.

C'est ainsi que notre bonne Mère avançait rapidement dans la perfection, et l'Epoux divin, qui se plaisait à la voir ainsi s'unir à lui, voulut encore, vers la fin de sa vie, lui envoyer une bien rude croix, pour achever de la purifier. Elle l'accepta avec un grand amour en une parfaite générosité.


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CHAPITRE III

lettres du Rme p. mauron a la mère marie-philomène..


Les belles pages qu'on vient de lire, seront heureusement complétées par quelques extraits des lettres adressées à la Mère Marie-Philomène par le Rme P.Mauron, Recteur Majeur de la Congrégation du Très Saint Rédempteur. On y verra combien la bonne Mère était profondément estimée par le saint religieux dont nous parlons.

"Très Révérende Mère, lui écrivait-il le 13 janvier 1863, j'ai été touché des prières que vous ne cessez de faire pour moi, et en particulier de la communion que votre communauté m'a offerte le jour de ma fête. Je vous remercie aussi, d'une manière spéciale, du bel Enfant Jésus que vous avez eu la délicate attention de m'envoyer. Il m'a été remis par M. de Splentere samedi dernier, veille de l'Invention de Jésus au Temple. Le jour de la fête, je l'ai porté en récréation. Inutile de vous dire que tous ont admiré ce beau travail, tant le petit enfant, si aimable et si gracieux, que le berceau si délicatement confectionné. Pour lui faire honneur, la communauté a passé la récréation à chanter en sa présence plusieurs petits cantiques. Vous voyez par là, ma Révérende Mère, combien votre cadeau nous a fait plaisir.

"Mais en retour, que dois-je vous offrir ? – Puisque l'aimable petit Enfant Jésus est tant aimé dans votre communauté, je ne saurais vous souhaiter rien de plus précieux que la possession pleine, parfaite et constante de ce divin Sauveur. Car y a-t-il rien de plus beau sur la terre qu'une communauté religieuse dans laquelle Jésus-Christ vit avec son esprit de simplicité, d'humilité et d'ardente charité, dans laquelle on ne pense, on ne vit et l'on ne respire que pour Jésus-Christ, dans laquelle enfin Jésus-Christ est le centre, le lien, l'âme et la vie ! – Que l'Immaculée Vierge Marie et notre bienheureux père, Saint-Alphonse, que vous aimez et vénérez tant, vous accordent, dans toute sa plénitude, l'esprit de Jésus-Christ ! Car, vous le savez, aimer beaucoup Notre-Seigneur et le faire aimer des autres, a été le désir insatiable du coeur de Saint-Alphonse : telle doit donc être aussi la préoccupation première de chacun de ses enfants.

"C'est pourquoi je suis heureux de savoir que vous ne cessez d'adresser à Notre-Seigneur de ferventes prières pour le bon succès des missions et des travaux de la congrégation. Continuez donc à faire violence à notre Divin Sauveur : par vos prières vous réjouirez le coeur de Dieu et le coeur de Saint Alphonse, et vous contribuerez d'une manière efficace au salut des âmes."

Le 15 janvier 1866, le Rme P. Mauron écrit :
"J'ai été surtout touché de la recommandation faite à ces deux saintes fillesii qui sont allées recevoir au ciel leur récompense, de prier là-haut pour moi et pour toute la congrégation. Le nombre de ses enfants au ciel continue à grandir, et par là même le nombre des intercesseurs auprès de Notre-Seigneur en faveur de la famille de Saint-Alphonse. Tout cela est bien consolant, surtout que j'ai reçu de la bouche de Mgr de Bruges la confirmation de ce que je savais déjà par ailleurs, que l'observation régulière et le bon esprit continuent à fleurir dans votre monastère."

A propos d'une image du Vénérable P. Hofbaueriii, le P. Mauron ajoute :
"Je fais des voeux pour qu'un jour nous puissions aussi introduire la cause de quelque sainte Rédemptoristine : le meilleur moyen d'arriver à ce résultat si désirable est de vous pénétrer de mieux en mieux des précieux avis que Saint-Alphonse a laissés comme son testament aux religieuses de sa Congrégation du Très Saint Rédempteur. Ces quarante-quatre avis contiennent vraiment toute l'essence de la perfection religieuse d'une vraie Rédemptoristine; en les pratiquant fidèlement, une fille de Saint-Alphonse mériterait certainement d'être un jour vénérée sur les autels."

Une autre fois, il anime son zèle : "Je suis persuadé, écrit-il le 2 janvier 1867, que vous priez beaucoup pour les besoins de la Sainte Eglise et pour son vénérable chef sur la terre, Notre Saint Père Pie IX. C'est un devoir pour tous les enfants de la Sainte Eglise dans les tristes temps qu'elle traverse, mais plus spécialement pour tous ceux qui, dans la vie religieuse, puisent plus largement à la fontaine des grâces dont elle est la dépositaire."

Le Rme P. Mauron lui recommande les mêmes intérêts l'année suivante; il la met aussi au courant d'une affaire importante : "Vous aurez peut-être appris, lui dit-il, que le Saint-Siège a favorablement accueilli notre demande de voir placer solennellement Saint-Alphonse au nombre des Docteurs de la Sainte Eglise. La cause est officiellement introduite et progresse favorablement. Je la recommande à vos prières, ainsi que celle de la béatification du Vénérable Père Clément Hofbauer."

En cette année 1868, la mort avait fait quatre victimes dans le monastère de Brugesiv. Le P. Mauron console la bonne supérieure par ces lignes touchantes : "Pendant la nuit de Noël que vous avez eu le bonheur de passer au pied de la crèche, je suis sûr que le Divin Enfant aura bien accueilli toutes vos suppliques; vous pouvez espérer d'autant plus les voir exaucées que vous pouvez bien croire que quatre de vos bonnes compagnes ont eu le bonheur de faire cette fête en paradis, et, à cette occasion, ne vous ont certes pas oubliées. Continuez, ma Révérende Mère, à recommander à Notre-Seigneur et à notre chère Madone du Perpétuel Secours les besoins présents et à venir de la congrégation; certes l'avenir est sombre, et Dieu seul peut savoir si l'épreuve dont sa providence vient de frapper nos maisons si florissantes d'Espagne, ne nous est pas aussi réservée autre part ?

Le 23 juin 1874, le P. Mauron avait tendu la main à la Mère Marie-Philomène en faveur des Rédemptoristines de Vibonati, au diocèse de Policastro (royaume de Naples) dépouillées de tous leurs biens par le gouvernement italien. Trois semaines plus tard, il lui écrivait :

"J'ai reçu en son temps votre bonne lettre du 1er juillet, renfermant deux billets de banque de 100 fr. que votre charité offre en aumône à vos pauvres consoeurs de Vibonati, si dignes à tous égards de commisération. Je leur ai fait aussitôt parvenir la somme, et la supérieure, Soeur Marie-Raphaël, vient de m'en accuser réception, ne tarissant pas en action de grâces en son nom et au nom de ses quarante religieuses, pour ce secours providentiel. Elle me prie de vouloir bien vous en exprimer en leur nom toute leur reconnaissance, et de vous assurer qu'elles vous le rendront en ferventes prières pour leurs bienfaitrices.

"J'ai été heureux, ajoute-t-il, d'apprendre que l'affaire de votre fondation à Louvain progresse si favorablement et j'espère que, là comme à Bruges, règneront le bon esprit et l'esprit d'oraison et de vie intérieure que Saint-Alphonse a tant inculqués à ses filles. Je suis vraiment consolé, et Saint-Alphonse au ciel se réjouit de les voir si nombreuses en Belgique."

La Mère Marie-Philomène avait exprimé le désir que l'on pût faire l'histoire des premiers temps de l'Institut des Rédemptoristines : le Rme P. Mauron fit une réponse fort consolante. Il la mit au courant de tout ce qu'il avait déjà fait pour faire aboutir un jour ce projet, et termina sa lettre en la manière suivante : "Je m'occupe de votre histoire avec d'autant plus d'intérêt, que je connais la fidélité et la ferveur avec laquelle les Rédemptoristines servent et aiment Dieu." C'était un bel éloge pour les soeurs de Bruges, mais il s'étendait aussi à toutes leurs consoeurs. La bonne Mère put donc, avant de mourir, savoir qu'un de ses plus chers désirs serait un jour exaucé.


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CHAPITRE IV

Mort de la Mère Marie-Philomène.

Hommages rendus a sa mémoire.

Reprenons le récit de la Mère Marie-Aloyse :
"Notre bonne Mère, dit-elle, avait depuis quelque temps le pressentiment de sa mort prochaine. Dans le courant de l'été, elle disait un jour : "Je crois que ma mort est proche, car j'ai craint ce moment pendant toute ma vie, et maintenant je le désire tant ! Mes frayeurs sont passées, j'ai soif d'aller voir le bon Jésus ! Oh ! Oui, continua-t-elle, en joignant les mains et regardant le ciel : je désire tant le voir; car si je ne parle pas beaucoup, j'aime pourtant bien mon bon Jésus; oui, je l'aime de tout mon coeur."

La santé de la Mère Marie-Philomène était déjà bien altérée; notre Mère se traînait péniblement et souffrait beaucoup. Le Jour de l'Immaculée Conception (1878), après avoir communié et assisté à la Sainte Messe, elle se retira dans sa chambre, et peu après, il lui survint des vomissements. Le médecin arriva vers quatre heures de l'après-midi et ne vit rien de grave dans son état. Mais à peine était-il sorti qu'une congestion cérébrale se déclara. Le médecin fut rappelé et ordonna d'administrer sans retard la malade. Nous n'eûmes que le temps de transporter notre chère Mère à l'infirmerie, et M. le Chanoine Minne, notre confesseur ordinaire, lui donna l'extrême-onction. La chère malade avait perdu la parole, et nous ne savions pas même si elle avait encore sa connaissance; mais ce qui nous consolait et nous édifiait, c'était de la voir murmurer sans cesse l'Ave Maria. Elle le fit pendant toute la nuit, sans cesser un instant, et nous vîmes alors se vérifier ces paroles du vénéré Père Passerat, qu'elle aimait à nous répéter : "Si vous contractez la sainte habitude de prier toujours, vous le ferez encore à l'heure de votre mort, même sans le savoir." La connaissance lui revint peu à peu, et notre bonne Mère s'empressa d'appeler auprès d'elle le Tres Révérend Père Kockerols, notre confesseur extraordinaire. Il arriva bientôt, et elle fut bien consolée par sa présence : elle se confessa et reçut la sainte communion. C'était un spectacle touchant de voir cette bonne Mère essayer encore de réciter quelque partie de son office. Elle ne se plaignait jamais, ne demandait aucun soulagement, et quand on lui demandait si elle se trouvait bien, sa réponse était toujours : "Oui, je suis bien." – ou : "Je suis trop bien." Elle répéta plusieurs fois qu'elle pardonnait de grand coeur à ceux qui lui avaient fait de la peine pendant sa vie, et son calme était si grand qu'on eût dit qu'elle jouissait déjà du ciel – "Vous souffrez beaucoup, ma bonne Mère, lui disait le T.R.P. Kockerols. Notre-Seigneur vous envoie de bien grandes douleurs. – Oui, répondit-elle, mais aussi de bien grandes consolations."

Elle assura la communauté qu'elle ne l'oublierait pas au ciel, la recommanda plusieurs fois au R. Père Kockerols, et remercia celui-ci avec une touchante effusion de tout ce qu'il avait fait pour elle. Le Révérend Père, ému jusqu'aux larmes, la remercia à son tour de ce qu'elle avait fait pour la congrégation; il l'assura des prières de tous, ajoutant que, dès à présent, on intercédait pour elle dans toutes les maisons en Belgique.

"Notre chère Mère eut aussi la consolation de recevoir la bénédiction de Mgr. Faict, évêque de Bruges, qui l'estimait tant, et qui s'était empressé de venir lui-même s'informer de son état dès qu'il avait appris le coup pénible qui nous frappait. Le jeudi 12 décembre, au soir, le Révérend Père Kockerols vint encore la confesser, puis les soeurs allèrent recevoir sa dernière bénédiction. La bonne Mère récitait continuellement des Ave Maria, tenant en main son rosaire, et de temps en temps faisant un effort pour se le passer au cou. On le lui passa, et elle demeura calme. La chère mourante baissait visiblement. Vers onze heures, le R.P. Kockerols récita les prières des agonisants, et le vendredi 13 décembre 1878, à une heure du matin, la Mère Marie-Philomène remit paisiblement sa belle âme entre les mains de Celui pour lequel elle avait travaillé et souffert.

"La douleur de la communauté ne peut se dépeindre. Nous perdions en elle la meilleure des supérieures, la plus tendre des Mères, l'amie et la confidente de toutes. Chacune d'entre nous s'empressa de lui payer sa dette de reconnaissance en priant pour elle, et en se promettant de suivre ses conseils et ses exemples.

"Mgr. l'Evêque voulut honorer ses obsèques de sa présence, pour marquer l'estime qu'il faisait de notre bien-aimée Mère. La famille de la chère défunte y assistait aussi; et, chose remarquable, tous les officiers alors en service à Bruges voulurent rendre à notre Mère un hommage que ne reçut jamais une religieuse; ils vinrent donc tous aux funérailles, voulant montrer par là à M. le Général de Savoie, auguste frère de la défunte, qu'eux aussi savaient estimer la vertu de la soeur chérie qu'il pleurait."

A la touchante biographie qu'on vient de lire, nous ajouterons quelques pieux hommages émanant de ceux et de celles qui connurent bien la Mère Marie-Philomène.

Mentionnons en premier lieu le souvenir mortuaire composé par le T.R.P. Kockerols :


J.M.J.A.

N'oubliez pas les enseignements de votre Mère. (Prov. 1.8.)

Elle a été une vraie fille de Saint-Alphonse. Elle nous inculquait sans cesse par ses paroles et par ses exemples le véritable esprit de notre saint fondateur :

Esprit de foi, qui nous fait mener ici-bas une vie surnaturelle et divine.

Esprit d'oraison, qui maintient nos âmes dans une continuelle communication avec Dieu.

Esprit d'humilité et de simplicité, caractère distinctif de notre saint fondateur et de ses vrais disciples.

Esprit de sacrifice et d'abnégation, qui produit l'oubli de soi-même et le plus entier dévouement aux intérêts de Jésus.

Esprit d'amour, amour ardent envers Notre-Seigneur; amour tendre envers Marie; amour plein de zèle pour l'Eglise et les âmes, surtout pour les âmes les plus abandonnées.

Esprit de soumission en toutes choses à la volonté divine. Il nous fera répéter en toute occasion ces paroles sacrées que prononça si souvent, pendant la vie et à la mort, notre vénérée supérieure et bien-aimée Mère :
Fiat voluntas tua !

Une lettre du R.P. Inghels, datée du 3 janvier 1879, et adressée à la Mère Marie-Aloyse, rend à son tour, en termes expressifs, un bel hommage aux vertus de la défunte :

"Nous avons déposé dans la crèche de l'Enfant Jésus nos voeux de nouvel an pour nos bonnes soeurs de Bruges. Puisse le couvent de la rue Sainte-Cathérine rester toujours ce qu'il fut jusqu'ici, un joyeux vestibule du Paradis ! Vous êtes là, heureuses épouses de Jésus-Christ, louant sans cesse votre bien-aimé Sauveur, ne comptant plus pour rien le monde que vous avez quitté, goûtant déjà dans la charité qui vous unit, quelque chose de cet ineffable bonheur que vous attendez. De temps en temps, l'Ange de la Délivrance vient dire : Venez, Epouse du Christ ! Et alors, pour l'heureuse élue, le Paradis s'ouvre, elle entre dans l'éternelle béatitude, elle reçoit la couronne que le Seigneur lui a préparée. Oh ! Sans doute, ma chère soeur, pour celles qui doivent attendre encore dans le vestible, la séparation est pénible; mais quelle grande consolation de pouvoir se dire : elle est heureuse, et nous, dans quelque temps, nous irons la rejoindre !

"Vous pouvez vous dire cela, ma bonne soeur, chaque fois que votre Divin Epoux invite un membre de votre heureuse communauté; mais que ne pouvez-vous pas ajouter, maintenant que la bonne Mère Marie-Philomène a eu le bonheur d'être invitée ! Oh ! Combien belle doit être sa couronne ! N'a-t-elle pas servi d'instrument docile à la Divine Providence pour former à la sainteté une foule d'âmes ? Ne lui devez-vous pas la ferveur qui règne parmi vous ? Ne portait-elle pas bien son nom et n'était-elle pas vraiment une toute aimable providence pour chacune de vous ? Et non contente d'avoir soin de vous, que ne faisait-elle pas pour ceux que la providence amenait près du vestibule ! Ah ! Si les grilles de votre couvent pouvaient parler ! Que d'actes de charité pratiqués par Mère Philomène pourraient être révélés! Comme on a bien fait de choisir pour texte du billet mortuaire les paroles de Saint-Augustin : "Pieuse envers Dieu, affectueuse et tendre envers les siens, bienveillante pour tous ceux qui l'approchaient", et celles de l'Ecclésiaste : "Elle a été aimée de Dieu et des hommes, et sa mémoire est en bénédiction."

"C'est bien là notre bonne Mère Marie-Philomène. Après une telle vie, il n'est pas étonnant que sa fin ait été si belle."

Laissons enfin parler quelques pieuses Rédemptoristines qui connurent bien la vénérée Mère :

"La chère Mère Marie-Philomène, dit l'une d'elles, m'a toujours paru une sainte supérieure dont la force et la douceur rendaient le gouvernement tel que notre père, Saint-Alphonse, dépeint celui de la parfaite supérieure. Elle avait grande dévotion au Divin Office, qu'elle accompagnait avec tant de dévotion. Elle était toujours prête à consoler ses filles, et même les plus petites avaient recours à elle avec confiance."

"Je revois encore d'ici, écrit une autre, la bonne Révérende Mère toujours aimable et souriante. On ne pouvait la rencontrer (fût-on tenté ou assez mal disposé) sans se sentir changé. Rien qu'en la regardant, tout disparaissait et changeait de face devant son amabilité, comme si un ange, paraissant tout à coup, eût chassé tous les démons. Elle faisait passer les âmes de ses enfants par les épines des grandes épreuves sans s'y déchirer. Elle me disait parfois au commencement : "Ne soyez pas de ces religieuses que l'on doit prendre avec des gants."

Un troisième témoin des vertus de la bonne Mère nous donne enfin un portrait achevé de la défunte avec les lignes suivantes :

"Quant à notre bien-aimée Mère Marie-Philomène, qui m'a reçue dans la communauté de Bruges, j'ai particulièrement admiré en elle, dès le premier jour que j'ai eu le bonheur de la connaître, une surnaturelle égalité d'âme qui ne s'est jamais démentie au milieu même des plus grandes peines et difficultés. Un jour que je lui exprimais mon admiration au sujet de son imperturbable patience, elle me répondit : "Mais, mon enfant, si le bon Dieu veut la chose ou la permet ainsi, pourquoi la voudrions-nous autrement ?"

Le charme que la grâce donnait à son énergie, lui attirait tous les coeurs pour les porter vers Dieu. J'ai entre les mains quelques lignes écrites par cette vénérée Mère: en voici la copie, au cas où elle pourrait être utile.

"Vous me demandez, chère petite Soeur M., quelques lignes de consolation : voici ma réponse. Avant tout, chère enfant, je vous souhaite du courage. Déjà bien avant l'invention du chemin de fer, Sainte-Thérèse disait qu'avec du courage on fait cent lieues à l'heure. Le courage est donc le télégraphe électrique de la vie spirituelle. Et pourquoi aller à pied ou par voiture de poste, quand on a le chemin de fer ou le télégraphe à sa disposition ?

"Je vois qu'il vous reste encore une queue de votre ancienne infirmité, découragement. Monsieur le Noir tâche d'en profiter: envoyez-le promener. Au reste, il ne faut jamais se décourager ou s'étonner en se voyant encore imparfaite; on ne devient pas saint en un jour, et Dieu se plaît à nous laisser un côté faible et vulnérable pour que nous puissions constamment nous humilier et sentir l'énorme besoin que nous avons de Lui. Dans vos tentations, ne pensez jamais à la tentation, mais à Jésus-Christ et à Marie; et en général, quand votre esprit veut rêver, réflechir, scruter, regardez fixement et avec bonne humeur l'aimable figure de Jésus-Christ qui est en vous, et sa Sainte Mère qui est à côté de vous. Vous trouverez là de quoi rêver pendant toute l'éternité."

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With Thanks to Mr Aime Dupont

Sunday, 8 January 2012

Mother Marie-Philomena of the Divine Providence, O.SS.R. Superior of the Monastery of Bruges (1811-1878)

Chapter IV. Death of Mother Marie-Philomena.
Homage rendered to her memory

We continue with Mother Marie-Aloyse’s account:

“Our good Mother,” she says, “for some time had been having a presentiment of her approaching death. During that summer she said one day: “I believe my death is near, as I always feared that moment my whole life long, but now I desire it so much! My fears have gone, and I am thirsting to go and see the good Jesus! Oh, yes,” she continued, putting her hands together and looking up to heaven, “I want to see Him so much. I might not say much about it, but I love my good Jesus so much. Yes, I love Him with my whole heart.”

Mother Marie-Philomena’s health had already altered considerably. Our Mother was in a lot of pain and was suffering greatly. On the day of the Immaculate Conception (1878), she took communion and assisted at the holy mass and then retired to her room. Shortly afterwards she began vomiting. The doctor arrived about four o’clock in the afternoon and saw nothing serious in her state. But he had scarcely left when she started having a stroke. The doctor was recalled and ordered the last sacraments to be administered to the patient without delay. We had only enough time to transport our dear Mother to the infirmary, and the Rev. Canon Minne, our ordinary confessor, gave her Extreme Unction. The dear soul had lost her ability to speak, and we did not even know if she still retained consciousness. But what consoled us and edified us was hearing her murmuring the Ave Maria continually. She did this all night long, without stopping for a moment, and then we saw the proof of the words of our venerated Father Passerat that she loved to repeat to us: “If you contract the holy habit of always praying, you will do it even at the hour of your death, even without knowing it.” Her consciousness came back to her bit by bit, and our good Mother asked for the Very Rev. Father Kockerols, our extraordinary confessor, to be called urgently. He soon arrived, and she was very consoled by his presence. She made her confession and received Holy Communion. It was a touching spectacle to see this good Mother still trying to recite some part of her office. She never complained, nor asked for any comfort, and when she was asked if she felt all right, her reply was always: “Yes, I’m all right.” – or “I’m very well.” She said several times that she pardoned with all her heart all those who had caused her grief during her life, and her calm was so great that it could have been said that she was already enjoying heaven. – “You are suffering a great deal, my good Mother”, the Very Rev. Father Kockerols said to her. “Our Lord is sending you some very great sorrows.” - “Yes,” she replied, “but also some very great consolations.”

She assured the community that she would not forget them in heaven, recommended them several times to the Very Rev. Father Kockerols, and thanked him with a touching effusion for everything he had done for her. The Reverend Father, moved to tears, thanked her in his turn for what she had done for the Congregation. He assured her of everyone’s prayers, adding that, from now on, they would be interceding for her in all the houses in Belgium.

“Our dear Mother also had the consolation of receiving the benediction of Mons. Faict, the Bishop of Bruges, who esteemed her greatly, and who himself made haste to come to her to be informed of her condition as soon as he learnt of the painful blow we had received. On Thursday 12th December, in the evening, the Reverend Father Kockerols came once more to confess her, and then the Sisters went to receive her last blessing. The good Mother continually recited the Ave Maria, holding her Rosary in her hands, and from time to time making an effort to put it round her neck. Someone did this for her and she became calm. The dear soul was sinking visibly. At about eleven o’clock, the Rev. Father Kockerols recited the prayers of the dying, and on Friday 13th December 1878, at one o’clock in the morning, Mother Marie-Philomena peacefully rendered her beautiful soul into the hands of Him for whom she had worked so hard and suffered so much.

“The grief of the Community could not be described. We lost in her the best of Superiors, the most tender of Mothers, the friend and confident of us all. Each one of us hastened to pay our debt of gratitude to her by praying for her, and by promising to follow her counsels and examples.

“Mons. the Bishop wished to honour her funeral by his presence, to show the great esteem he had for our much beloved Mother. The family of the dear departed attended also, and, a remarkable thing, all the officers then in service in Bruges wished to pay our mother a tribute that no nun had ever received, so they all came to her funeral, wishing to demonstrate to M. the General of Savoy, the august brother of the deceased, that they too knew how to appreciate the virtues of the beloved sister whom he was mourning.”

To this touching biography that we have just read, we add some pious tributes emanating from men and women who knew Mother Marie-Philomena well.

In the first place we mention the funeral notice composed by the Very Rev. Father Kockerols:
J. M. J. A.

Do not forget the teachings of your Mother (Prov. 1:8).

She was a true daughter of Saint Alphonsus. She drummed into us unceasingly through her words and her examples the true spirit of our holy Founder:

The spirit of faith, which makes us live a supernatural and divine life here below.

The spirit of prayer, which maintains our souls in continual communication with God.

The spirit of humility and simplicity, the distinctive characteristic of our holy Founder and his true disciples.

The spirit of sacrifice and abnegation, which produces forgetfulness of self and the most entire devotion to the interests of Jesus.

The spirit of love, ardent love for Our Lord; a tender love for Mary; a love full of zeal for the Church and souls, especially for the most abandoned souls.

The spirit of submission in everything to the divine will. It will make us repeat on every occasion the sacred words that our venerated Superior and much beloved Mother repeated so often during her life and at her death:
Fiat voluntas tua!
May Thy will be done!

A letter by Rev. Father Inghels, dated 3rd January 1879, and addressed to Mother Marie-Aloyse, renders in its turn, in expressive terms, a beautiful homage to the virtues of the deceased:

“We have placed our vows for the new year for our good Sisters of Bruges into the Manger of the Child Jesus. May the Convent in Saint Catherine Street always remain what it has been so far, a joyous vestibule of Paradise! You are there, happy spouses of Jesus Christ, unceasingly praising your well-beloved Saviour, counting no longer for anything from the world that you have left, rejoicing already in the charity that brings you something of the ineffable bliss that awaits you. From time to time, the Angel of deliverance comes to say: “Come, Bride of Christ!” And then, for the happy elect, Paradise opens, and she enters into the eternal beatitude, and receives the crown that the Lord has prepared for her. Oh, undoubtedly, my dear Sister, for those who must still wait in the vestibule, the separation is painful, but what a great consolation to be able to say to yourself: ‘She is happy, and we, sometime later, will go to rejoin her!’

“You can say this, my good Sister, every time your divine Spouse invites a member of your happy community, but can you now not add that your good Mother Marie-Philomena has had the good fortune to be invited? Oh, how beautiful must her crown be! Has she not served the divine Providence as a docile instrument to form the sanctity of a huge number of souls? Do you not owe to her the fervour that reigns amongst you? Did she not bear her name well, and was she not truly a most adorable Providence for each one of you? And not content to take care of you, what did she not do for those whom Providence has brought into the vestibule? Ah, if the grilles of your convent could only speak! What acts of charity practised by Mother Philomena would be revealed! How fitting it was to choose as the text on her mortuary card the words of Saint Augustine: “Pious towards God, affectionate and tender towards her own, benevolent towards all those who approached her”, and the word of Ecclesiastes: “She loved God and mankind and her memory is a blessed one.”

“This is so true of our good Mother Marie-Philomena. After such a life, it is not astonishing that her end was so beautiful.”

Let us now listen to some pious Redemptoristines who knew their venerated Mother well:

“Our dear Mother Marie-Philomena,” said one of them, “always appeared to me as a holy Superior whose power and meekness made her government just like what our Father Saint Alphonsus describes about the perfect Superior. She had a great devotion to the Divine Office, which she accompanied with so much devotion. She was always ready to console her daughters, and even the least of them had recourse to her with confidence.”

Another one writes: “I remember our good Reverend Mother as always sweet and smiling. You could never spend time with her (even if you were burdened or were not feeling well) without feeling yourself changed. Whatever it was regarding her, everything disappeared and changed in front of her kindliness, as if an angel suddenly appearing chased away all the demons. She helped the souls of her children pass through the thorns of great trials without being torn by them. She sometimes told me at the beginning: “Do not be one of those religious who must be handled with gloves on.”

Finally, a third witness to the virtues of this good Mother gives us a portrait drawn of the deceased in the following lines:

“As for our much beloved Mother Marie-Philomena, who received me into the community of Bruges, what I particularly admired in her, from the very first day I had the pleasure of meeting her, was a supernatural quality of soul which was never shaken even in the midst of the greatest pains and difficulties. One day when I expressed my admiration to her on the subject of her imperturbable patience, she replied: “My dear child, if the good God wants something or permits it, why would we wish otherwise?”

The charm that grace gave to her energy attracted all hearts to her so she could bring them to God. I have in my hands some lines written by this venerated Mother. Here is a copy of them, in case they can be of use.

“You have asked me, my dear little Sister M., for some lines of consolation: here is my reply. Before all, dear child, I wish you to have courage. Even well before the invention of the railway, Saint Teresa said that with courage you could go a hundred leagues an hour. Courage is therefore the electric telegraph of the spiritual life. And why go on foot or by a postal van when we have the railway or the telegraph at our disposition?

“I see that you still have a trace left of your ancient infirmity: discouragement. Mister Darkness is trying to make use of it, so send him packing. For the rest, we must never be discouraged or dismayed when we see ourselves still imperfect. We cannot become a saint in one day, and God is pleased to leave us a feeble and vulnerable side so that we can constantly be humbled and feel the enormous need that we have of Him. In your temptations, never think of the temptation, but of Jesus Christ and Mary; and in general, when your spirit wishes to dream, reflect and consider, fasten your glance with good humour on the adorable figure of Jesus Christ who is in you, and His holy Mother who is beside you. There you will find what you should dream of for all eternity.”

This necrology is translated from Fleurs de l'Institut des Rédemptoristines by Mr John R. Bradbury. The copyright of this translation is the property of the Redemptoristine Nuns of Maitland, Australia. The integral version of the translated book will be posted here as the necrologies appear.

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